Protection complémentaire et ReImmigration : pourquoi cette décision judiciaire concerne l’État de droit

Bienvenue dans un nouvel épisode du podcast « Integrazione o ReImmigrazione ».
Je suis Fabio Loscerbo, avocat italien spécialisé en droit de l’immigration.

Aujourd’hui, je souhaite expliquer pourquoi une décision judiciaire récente, rendue en Italie, mérite l’attention du public français. Il s’agit d’un décret rendu le 30 décembre 2025 par le Tribunal ordinaire de Florence, relatif à la protection dite « complémentaire ». Ce n’est pas un arrêt spectaculaire, ni une décision idéologique. C’est précisément pour cette raison qu’il est important.

Depuis plusieurs années, le débat européen sur l’immigration est paralysé par une confusion dangereuse : celle qui assimile toute protection juridique à un droit au séjour durable. Cette confusion affaiblit l’État, alimente la défiance des citoyens et rend toute politique migratoire politiquement instable. La décision du Tribunal de Florence apporte une réponse claire et juridiquement solide à cette dérive.

Le juge rappelle une vérité simple mais souvent oubliée : la protection complémentaire n’est ni une amnistie humanitaire générale, ni un mécanisme automatique de régularisation. Elle n’existe que pour éviter qu’une mesure d’éloignement ne produise une atteinte disproportionnée au droit au respect de la vie privée. Autrement dit, elle n’est pas fondée sur l’émotion, mais sur le droit.

Ce qui rend cette décision particulièrement intéressante pour un public français, c’est la méthode retenue. Le Tribunal refuse tout automatisme. Le simple fait d’être présent sur le territoire, la durée de la procédure ou les lenteurs administratives ne suffisent pas. La protection n’est accordée que lorsque l’intéressé a démontré, par des faits concrets et vérifiables, qu’il a réellement construit une vie dans la société d’accueil. L’intégration n’est pas présumée ; elle doit être prouvée.

Cette approche repose sur un raisonnement de proportionnalité, bien connu du droit français et de la jurisprudence européenne. Le juge ne nie pas le droit de l’État à éloigner. Il rappelle simplement que ce droit doit s’exercer dans le cadre de l’État de droit. La protection devient alors une exception justifiée, et non une règle générale qui paralyse l’action publique.

C’est précisément à ce point que cette décision rejoint le paradigme de la ReImmigration. La ReImmigration ne signifie pas le rejet de la protection, ni la négation des droits fondamentaux. Elle repose sur une exigence de cohérence. L’intégration est un processus réel, impliquant des devoirs et des comportements, pas un simple statut administratif. Lorsque l’intégration est effective, le droit protège. Lorsqu’elle ne l’est pas, la légitimité du retour vers le pays d’origine est réaffirmée.

Un système qui protège sans distinction finit par perdre toute capacité d’éloignement. Un système qui protège de manière sélective, en revanche, renforce à la fois son humanité et son autorité. C’est exactement ce que montre le Tribunal de Florence. En appliquant la protection complémentaire avec rigueur, le juge ne fragilise pas la souveraineté de l’État. Il la consolide.

Pour la France, confrontée à une tension croissante entre exigence de fermeté et respect des droits, cette décision offre une leçon essentielle. Le contrôle de l’immigration et la protection juridique ne sont pas des objectifs contradictoires. Ils sont les deux piliers d’un même ordre juridique équilibré. Sans protection crédible, l’État perd son âme. Sans éloignement effectif, il perd son autorité.

Cette décision nous rappelle que le véritable État de droit n’est ni permissif ni brutal. Il trace des limites claires. Il protège ceux qui s’intègrent réellement. Il assume le retour de ceux qui ne le font pas. C’est cela, au fond, la logique de l’Integrazione ou ReImmigrazione.

Merci d’avoir écouté ce nouvel épisode du podcast « Integrazione o ReImmigrazione ».
Je suis Fabio Loscerbo.

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